samedi 2 janvier 2010

Interculturalité et laïcité

(c) Christian Rouge
christian-rouge@orange.fr

La mode est à la réduction de la notion de tolérance pour un respect inconditionnel de toutes les différences, sous le prétexte qu'elles auraient un fondement culturel systématique.
Dans ce sens, la consécration des différences érige n'importe quelle valeur vers un absolu et néglige justement de faire la différence entre les différences, refusant de les soumettre à la critique et renforçant pour chacune son privilège. Cette action de consacrer confond culture de l'esprit et culture au sens ethnologique du terme. Par la première l'homme apprend à se soustraire aux préjugés qu'il tient de la seconde.
Pour pouvoir prescrire le respect des autres cultures, il faut précisément s'affranchir de celle à laquelle on appartient et s'élever à une pensée universelle capable de régler la coexistence interculturelle. Ce ne sera que par la culture de l'esprit et la liberté de conscience qu'on apprendra à douter, à se libérer des opinions que nous impose la tradition, à respecter les autres. La laïcité est la condition politique, philosophique et culturelle de cette liberté.
Pourtant la tolérance laïque n'est pas illimitée, sa limite est non arbitraire et dans ce sens c'est à un maximum de différences qu'elle fait droit. Il ne faut pas confondre le droit à la différence avec la différence du droit.
Ceux qui prétendent que la laïcité est une croyance comme une autre disent simplement que l'Etat laïc n'oblige à aucune croyance, qu'on ne les empêche pas d'y croire! Qu'ils ne cherchent donc pas à imposer les croyances qu'ils sont libres d'observer individuellement et qu'ils respectent la laïcité, puisque c'est à elle qu'ils sont respectés dans leurs croyances.
La laïcité est une norme universelle que personne ne connaît absolument, mais en direction de laquelle on peut prétendre à un exercice de l'interculturalité.


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